Alors que la réouverture des écoles et le recommencement des cours en ligne sont sous le point de débuter, les enfants reprennent leur routine scolaire. Pour certain, c’est une période très difficile, surtout s’ils ont du mal à se concentrer, lire ou écrire. Alors que les enfants luttent à l’école, les parents se creusent la tête pour découvrir ce qui ne va pas et comment faire pour y remédier. La thérapie visuelle s’est avérée à changer la vie de plusieurs de ses patients. Nous avons interviewé le Dr Kiran Ramesh, qui se spécialise dans la thérapie visuelle, afin de nous dire ce que c’est, comment cela fonctionne, comment cela aide et si vous devriez envisager d’ajouter une thérapie visuelle à votre pratique.
Qu’est-ce que la thérapie visuelle (TV)?
Tout d’abord, il est important de comprendre la différence entre la vue et la vision.
La vue est ce que vous voyez réellement.
La vision est la façon dont vous traitez l’information que vous voyez; est-ce que c’est clair, voyez-vous les choses en double, combien de temps il vous faut pour changer de la vision de loin à celle de proche, vos yeux se déplacent-ils correctement, qu’elle est votre conscience spatiale, comment vous vous déplacez, comment vous vous assoyez, comment vous vous sentez et comment vous vous comportez, c‘est ça la vision ! C’est la façon dont le cerveau et les yeux communiquent et traitent l’informations.
La thérapie visuelle vous aide à traiter votre monde visuel efficacement. La TV se fait à l’aide de filtres, de lentilles et de différents entraînements pour aider votre vision.
À qui sert la thérapie visuelle ?
La TV est utilisée pour aider à l’apprentissage des problèmes visuels connexes tels que la lecture, l’écriture, la compréhension et la dyslexie. Elle est également utilisée pour réhabiliter les patients qui ont subi une lésion cérébrale post-traumatique / commotion cérébrale.
La thérapie visuelle est également la meilleure voie pour soutenir des patients avec du strabisme, où les yeux sont tournés ou ne s’alignent pas correctement. Elle peut également soutenir les athlètes avec la coordination des mains et des yeux.

Y a-t-il un âge spécifique pour être traité avec la TV?
Il n’a pas d’âge spécifique, car vous pouvez vous blesser à tout moment et à tout âge. Je connais des cliniques qui ont des patients aussi jeunes que 4 mois et allant jusqu’à 90 ans. La lecture et l’écriture sont des difficultés vues principalement chez les enfants, mais personnellement, j’ai travaillé avec beaucoup d’étudiants du secondaire et de l’université. Les symptômes peuvent être aussi simples qu’un mal de tête, mais quand vous posez des questions plus ciblées, vous découvrez qu’ils ont besoin d’une thérapie visuelle pour aider à corriger leur vue, pas de lunettes.
Comment la thérapie visuelle aide-t-elle ?
Elle change la vie du patient. Je l’ai vécu moi-même et c’est pourquoi je suis un grand défenseur de la TV. Elle transforme littéralement la vie d’une personne – elle ajoute de la confiance, occasionne des changements de comportement, elle est efficace. J’ai eu des patients à qui on a dit qu’ils ne pourraient plus jamais travailler, mais après une thérapie visuelle, ils travaillent. J’ai des gens qui prennent des médicaments contre l’anxiété et qu’après une thérapie visuelle, ont une meilleure compréhension d’eux-mêmes et qui sont en mesure de modifier leur façon d’interpréter le monde. Il y a tellement d’avenues différentes. Académiquement, je sais que nous pouvons aider à faire une différence, ce qui est plus important pour moi, c’est le changement dans les comportements. Je peux voir comment ils marchent, comment ils sourient, comment leur niveau de confiance augmentent, ces changements de comportement pour moi sont la clé.
Quelle est l’efficacité de la thérapie visuelle ?
Il y a des exercices en bureau, puis des exercices à domicile. Lorsque les patients font les deux, en particulier ceux à domicile, la thérapie visuelle est plus efficace et les patients remarqueront des changements plus rapidement. Cela dépend vraiment de l’effort que le patient met. Je n’ai jamais vu quelqu’un sans changements.
Depuis combien de temps la thérapie visuelle existe-t-elle ?
Environ 100 ans, mais les optométristes et les patients ne savaient pas ce que c’était et ne comprenaient pas bien comment cela fonctionnait. Les optométristes pensaient que c’était très compliqué, on ne leur apprenait pas à faire des examens de vision binoculaires efficacement à l’école ou à comprendre la thérapie visuelle, ce qui était très déroutant. C’était la même chose pour moi quand j’ai obtenu mon diplôme. Quand j’ai étudié la thérapie visuelle, je suis retourné suivre des cours et j’ai reçu une formation. Je suis devenu membre du conseil d’administration de Vision Therapy Canada et j’ai commencé à voyager à travers le Canada en parlant aux optométristes et en leur enseignant des façons rapides et efficaces de filtrer ou de prescrire des lunettes différemment. Chaque optométriste peut utiliser ces conseils sans avoir à retourner à l’école.
Trouvez-vous que les gens sont plus ouverts à cette approche holistique ?
Nous constatons que les patients sont très ouverts à la thérapie visuelle et à son approche holistique. Certains parents sont à la recherche de nouvelles options car il y a tellement d’enfants avec TDAH qui ont été mal diagnostiqués et il s’agit seulement d’un problème de vision réelle. Les parents sont plus ouverts et plutôt que d’aller vers des ressources psychologiques, ils veulent essayer de trouver la racine du problème avec la TV. Si un enfant a un TDAH par exemple, pourquoi est-il médicamenté pendant l’école et pas à d’autres moments. Serait-ce parce que c’est un problème de focus, un problème avec leur système visuel. Une vraie maladie nécessiterait des médicaments en tout temps. Aussi, je remarque que les parents viennent en sachant que quelque chose ne va pas, ils sentent qu’ils ne peuvent pas l’expliquer. Quand je démontre aux parents comment c’est que d’être dans la peau de leur enfant, ils comprennent enfin et sentent qu’ils ont une réponse. C’est un tournant pour eux de voir leur enfant faire les exercices et de voir comment la thérapie visuelle a littéralement changé la vie de leur enfant et la leur.

Qu’est-ce que ça implique comme processus ?
Chaque patient est très différent. Il y a des exercices standards basés sur les problèmes que le patient rencontre, mais ceux-ci sont adaptés cas par cas. Tout dépend des problèmes des patients, de la direction dans laquelle nous devons aller et de l’endroit où l’accent sera mis.
Combien de temps avant de voir les résultats ?
Cela dépend de la façon dont les patients font leurs exercices à domicile, beaucoup de gens voient des changements dans les 8-16 semaines.
Combien de temps les patients doivent-ils suivre la thérapie visuelle ?
Il n’y a pas de temps fixe, la durée du traitement dépend de la problématique du patient et de la complexité du problème. Nous apportons des changements neurologiques, créant de nouvelles voies dans le cerveau. Une fois que je sens que le patient est prêt ou a « gradué », j’ai l’habitude de faire un suivi après 1 mois et après 6 mois. Un an plus tard, les patients sont souvent plus performants que lorsqu’ils nous ont quittés. L’objectif de la thérapie visuelle est d’apporter des changements permanents.
Quand un optométriste devrait-il recommander une thérapie visuelle à ses patients ?
Premièrement, les optométristes doivent savoir si leur patient est symptomatique. Si un patient n’est pas symptomatique, malgré les dysfonctionnements binoculaires, il ne voudra pas d’aide. S’ils sont symptomatiques, il s’agit de savoir comment les diriger vers la thérapie visuelle. Si les lentilles ophtalmiques seules ne font pas la différence, une référence pour la thérapie visuelle devrait être la prochaine étape pour votre patient.
Les lunettes d’ordonnance sont-elles recommandées en synergie avec la thérapie visuelle pour aider à progresser plus rapidement ?
Oui, habituellement les verres d’ordonnance sont utilisés en conjonction avec la thérapie visuelle sous forme de lentilles thérapeutiques ou neuro-fonctionnelles. Ces types de lentilles aident en termes de confort ou comme solution temporaire pour aider le cerveau à construire la connexion. Les lentilles peuvent rester comme un système de soutien.
Recommandez-vous aux bureaux d’intégrer la thérapie visuelle dans leurs pratiques ?
Je ne pense pas qu’il est primordial pour chaque bureau d’ajouter la thérapie visuelle à l’intérieur de leur pratique pour diverses raisons : l’espace limité et l’intérêt dans ce marché très spécialisé. Il est important d’être passionné par ce que vous faites et vous pouvez toujours référer un patient à un collègue spécialiste.
Cependant, je pense qu’il est extrêmement important pour chaque bureau et chaque optométriste de comprendre comment la TV peut aider et au besoin de prescrire ou référer à un spécialiste de la thérapie visuelle, ou à tout autre créneau dans lequel ils ne sont pas spécialisés. Notre objectif en tant qu’optométriste est d’être en mesure de fournir les meilleurs soins aux patients et de prendre soin de leurs besoins par le biais de nos propres cliniques ou celles de nos collègues. En termes de thérapie visuelle, parler à l’optométriste qui fait la formation TV dans votre région et demander leur de discuter avec vous pour savoir ce qu’il faut rechercher, comment prescrire des lentilles efficacement, et quand se référer.
Pour les bureaux qui n’offrent pas la thérapie visuelle, mais qui veulent apprendre peuvent m’envoyer un email directement à [email protected]. J’ai une conférence que je peux faire virtuellement pour les optométristes.
Si les bureaux veulent intégrer la thérapie visuelle dans leurs pratiques, par quoi recommandez-vous qu’ils commencent ?
Il y a différents cours que vous pouvez suivre pour acquérir une plus grande connaissance en TV et savoir par où commencer avec la gestion de cette nouvelle pratique. Pour un bon départ, je recommande des cours pour en apprendre davantage sur toutes les différentes facettes de la thérapie visuelle. Voici quelques liens utiles:
visiontherapycanada.com
https://www.oepf.org
Vision Therapy Integration (VTI) est un cours de gestion de la pratique TV qui est disponible pour aider les cliniques à obtenir l’incorporation TV dans leurs bureaux. S’il vous plaît écrivez-moi directement pour plus d’informations ou se référer à visiontherapycanada.com.
Pour un spécialiste de la TV dans votre région, veuillez consulter VISION THERAPY CANADA pour trouver un optométriste : visiontherapycanada.com

À propos de Dre. Kiran Ramesh: Propriétaire & Neuro-Visual Optometriste
Dre. Ramesh vit sa vie en se basant sur quatre grandes valeurs ; l’amour, la connexion, l’inspiration et l’autonomisation. Elle établit une connexion avec ses patients pour mieux comprendre leurs objectifs, communique avec les chefs de file de l’industrie pour mieux soutenir ses objectifs, inspire et donne à son équipe les moyens d’atteindre leur plein potentiel à l’intérieur et à l’extérieur du travail. Elle parcourt également le Canada pour donner des conférences, inspirer et donner aux collègues du milieu les moyens de mieux comprendre le rôle de la formation neuro-visuelle dans l’optométrie et l’importance d’inspirer et d’autonomiser votre équipe. Dans tous les domaines de sa vie, son jugement et ses actions sont propulsé par son cœur.
Pendant l’école, la Dre Ramesh a eu du mal à se concentrer, à focusser et était prise avec des maux de tête, jusqu’à ce qu’elle découvre les exercices neuro-visuelles. Cela a changé sa vie et la vie de tous ses patients. Elle a été formée par des conférenciers de renommée mondiale en thérapie visuelle et maintenant des amis proches, les Drs Robert Sanet, Robin Lewis et Stefan Collier. Elle soutient et forme les patients qui ont du mal à lire, à apprendre et ceux qui ont subi une commotion cérébrale.
La Dre Ramesh est l’heureuse récipiendaire de : « 2019 Canada Best Eye Care Practice of the Year ». Elle a complété son doctorat en optométrie à l’Université de Waterloo en 2004. Elle a siégé au conseil d’administration de VTC (Vision Therapy Canada), est membre associée du COVD (College of Optometristes in Vision Development), Associée clinique du Programme d’extension optométrique et membre de l’OAO (Ontario Association of Optometristes). Elle a 2 belles filles, et un mari qui la fait toujours sourire.