Le manque d’énergie, la fatigue et la perte de motivation ne sont que quelques-uns des symptômes du trouble affectif saisonnier (TAS). Pour les personnes malvoyantes, le risque de développer cette forme de dépression hivernale est presque trois fois plus élevé que pour les personnes ayant une vision normale. En tant que pratique médicale, il est important de tendre la main à vos patients malvoyants ou malvoyants et de vous assurer qu’ils ont les bonnes informations et les bons outils pour traverser les durs mois d’hiver.
LE TROUBLE AFFECTIF SAISONNIER

Plus qu’une simple dépression hivernale, le trouble affectif saisonnier est un type de dépression qui se développe chez les patients à la même période chaque année, le plus souvent pendant les mois d’automne et d’hiver. Le TAS est surtout répandu chez les personnes vivant dans les hémisphères nord et sud où les jours sont plus courts et le soleil se couche plus tôt. Le principal déclencheur du TAS provient de ce manque de lumière solaire et les chercheurs ont proposé quelques théories sur les raisons de cette situation.[i]
Ils croient que le manque – ou un changement significatif de la quantité de lumière solaire peut perturber l’horloge biologique d’une personne, qui contrôle ses habitudes de veille et de sommeil.[ii] Une autre explication de la TAS pourrait être la perturbation des fonctions des neurotransmetteurs comme la sérotonine et la dopamine, qui sont connues pour leur rôle qu’elles jouent dans la régulation de l’humeur et des émotions d’une personne.[iii] L’obscurité de la nuit augmente également la production de mélatonine, qui régule le sommeil, donc lorsque les jours raccourcissent, notre production de mélatonine augmente, nous laissant plus somnolente et plus léthargique.[iv]

LE TROUBLE AFFECTIF SAISONNIER ET LA SANTÉ DES YEUX

Une étude publiée dans le « British Journal of Psychiatry » fournit un aperçu plus approfondi de la fréquence des TAS chez les personnes aveugles ou malvoyantes. L’étude a révélé qu’une proportion plus élevée de personnes aveugles ou malvoyantes souffrent de TAS par rapport aux personnes voyantes. Ces résultats donnent aux chercheurs une raison de croire que la cause de la TAS peut être trouvée dans la rétine de l’œil, et non dans le cerveau comme avec d’autres maladies mentales comme la dépression ou l’anxiété.[v]
DÉPENDANCE DE LA LUMIÈRE
Au cours de l’étude, les chercheurs ont été surpris d’apprendre qu’une proportion plus élevée de personnes souffrant de perte de vision souffraient de TAS par rapport aux personnes qui étaient complètement aveugles. La raison derrière cela n’est pas claire pour les chercheurs, mais ils croient avoir trouvé une explication possible.
Ils théorisent que les cellules de la rétine qui surveillent la luminosité, appelées photorécepteurs, sont cruciales pour la synchronisation de notre horloge biologique interne avec la lumière et les rythmes circadiens. Par conséquent, les personnes malvoyantes connaissent une réponse plus importante de leurs photorécepteurs, ce qui les rend plus sensibles aux changements de lumière, malgré leur mauvaise vision.
D’un autre côté, les personnes aveugles peuvent ne pas avoir une perception consciente de la lumière, mais les chercheurs soutiennent qu’il existe certaines cellules de la rétine capables de détecter la lumière qui atteint le cerveau. Par conséquent, les personnes aveugles sont moins susceptibles de développer un TAS que les personnes malvoyantes.[vi]
AUTRES FACTEURS DE RISQUE DE TAS

Le sexe:
Les femmes entre 15 et 55 ans sont près de 4 fois plus susceptibles de développer un TAS et représentent entre 60 % et 90 % des patients qui développent le trouble. Cela est dû en partie au fait que les femmes sont généralement plus susceptibles de développer une dépression.[vii]
Couleur des yeux:
Des iris plus foncés peuvent stimuler une plus grande production de mélatonine, ce qui pourrait rendre les gens plus vulnérables au TAS. Cela est dû à la quantité de lumière qu’un œil peut traiter. Habituellement, les yeux avec moins de pigments (bleu, vert, gris) sont plus sensibles à la lumière, ce qui signifie qu’ils n’ont pas besoin d’absorber autant leurs cellules rétiniennes pour recevoir et traiter les images.[viii]
Antécédents médicaux
Dans un blog précédent, nous avons souligné l’importance des antécédents familiaux et comment ils peuvent aider à mieux servir vos patients. Les antécédents médicaux d’un patient sont un indicateur significatif de sa probabilité de développer un TAS. Toute forme de dépression qui prévaut dans les antécédents familiaux d’un patient augmente automatiquement ses chances de la développer.[ix]
TRAITEMENT

Alors que l’hiver devient fort, il est important de contacter vos patients avec des attributs susceptibles d’augmenter leur risque de TAS. Par exemple, les femmes malvoyantes sont extrêmement susceptibles de développer un TAS et il est donc crucial pour elles de demander l’aide de professionnels de la santé. Afin de leur prodiguer des soins, voici des suggestions plus rapides pour traiter les troubles affectifs saisonniers :

La luminothérapie est l’une des formes de traitement les plus courantes pour les patients souffrant de TAS depuis les années 1980. L’idée est de remplacer la diminution de l’ensoleillement en hiver en exposant un patient à la lumière artificielle au quotidien. Le plus souvent, les caissons lumineux filtrent les rayons ultraviolets et nécessitent 20 à 60 minutes d’exposition à 10 000 lux de lumière fluorescente blanc froid, une quantité environ 20 fois supérieures à l’éclairage intérieur ordinaire.[x]
La supplémentation en vitamine D est un excellent point de départ pour aider à traiter le TAS, car les patients qui en souffrent ont été trouvés avec de faibles niveaux de vitamine D dans leur taux sanguin.
La psychothérapie, également connue sous le nom de thérapie cognitivo-comportementale (TCC), est un autre moyen efficace de traiter le TAS. Le but est d’identifier les pensées négatives et de les remplacer par des pensées positives avec une technique appelée activation comportementale. Cette méthode vise à aider les patients à identifier les activités qui sont engageantes et qui leur procurent du plaisir afin d’améliorer leur adaptation à l’hiver.
Enfin, certains médicaments tels que les inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS) sont utilisés pour traiter le TAS.
Étant donné
que le TAS semble se présenter avec des patients ayant une déficience visuelle,
il est important d’entamer une discussion à votre pratique pour vous assurer
que les patients sont correctement pris en charge. Communiquez avec vos
patients dès maintenant et rappelez-leur de prendre rendez-vous pour un examen
dès aujourd’hui !
[i] https://www.camh.ca/en/health-info/mental-illness-and-addiction-index/seasonal-affective-disorder
[ii] https://www.camh.ca/en/health-info/mental-illness-and-addiction-index/seasonal-affective-disorder
[iii] https://www.medicalnewstoday.com/articles/326090.php#dopamine
[iv] https://www.nimh.nih.gov/health/topics/seasonal-affective-disorder/index.shtml
[v] https://sciencenordic.com/denmark-depression-sleep/sad-starts-in-the-eye/1425373
[vi] https://sciencenordic.com/denmark-depression-sleep/sad-starts-in-the-eye/1425373
[vii] https://www.medicalnewstoday.com/articles/10306.php#risk-factors
[viii] https://www.health.com/condition/depression/eye-color-winter-depression
[ix] https://www.nimh.nih.gov/health/topics/seasonal-affective-disorder/index.shtml
[x] https://www.nimh.nih.gov/health/topics/seasonal-affective-disorder/index.shtml
Ressources :